Le débarquement...

Je suis brigade maladie. On sait comment sont certains moments de l'année où il n'y a plus assez de monde pour les remplacements. Bref. Je reçois mon avis de mission : remplacement en hôpital psychiatrique pour un mois et demi. Glups. L'inconnu ! Comme j'avais un remplacement avant celui-ci, je renvoie mon avis de mission signé. Seulement, j'ai oublié le noter le numéro de la personne à contacter. Je me retrouve donc toute une après-midi au téléphone allant de service en service pour trouver l'école en question, personne ne connaissait... J'obtiens finalement le numéro. On m'explique que le matin, je suis en classe externée et l'après-midi, à l'HP en maison pour enfants autistes.
J'arrive le matin pour faire la jonction avec l'instit. Je me retrouve directement avec 10 élèves dont l'instit ne cessait de gérer les conflits tout en essayant de faire cours... Puis, on fait golf et un élève vient vers moi, veut me faire un câlin et me tripote la poitrine... Bien sûr, gênée, je le repousse gentiment. J'ai appris plus tard que les infirmières étaient gratifiées du même mouvement d'affection... J'étais un peu surprise quand même. C'est gênant quoi.
Bref, l'après-midi, je vais en maison pour l'autisme et là, l'instit me montre comment ouvrir et fermer les portes de l'établissement avec une clé deny. Je rentre à sa suite et vois une porte de prison qui sépare le rez-de-chaussé du sous-sol. Stupéfaction... Ensuite, l'instit (le seul dans la structure) me dit qu'il va me présenter. J'arrive dans une salle avec environ une vingtaine de personnes assises qui m'attendaient. Vient le tour de table avec les présentations. Faut pas être timide ! Puis, on m'indique que ma classe est derrière la grille de prison, au sous-sol.
La première heure avec les élèves autistes a été épique. L'instit m'avait conseillé de faire jardinage, ce que je fis.
On sort avec le petit groupe. Je déverrouille et verrouille tout. Je vais prendre l'arrosoir et j'ouvre l'eau... La pression a été telle qu'une gamine s'est retrouvée arrosée et hurlait. lol
On va arroser finalement les fruits et légumes. Et là, une élève s'est mise à arracher les radis et les manger, puis, le choux fleur, puis tout ce qui était planté à une vitesse folle. Elle a fini par arracher le framboisier et manger les racines !
J'ai fini par lui courir derrière avec l'arrosoir pour la sortir de l'enclos... Et la diriger vers la porte pour rentrer. Une fois fait, j'ai été chercher un autre qui s'est mis à faire le poids mort par terre, puis un autre qui courait partout en hurlant et que j'ai dû porter pour rentrer !!! Ce fût très sportif mais la première heure était passée. Pffioooouuuuu ! Dernière demi-heure, autre groupe, une petite fille hurlait à chaque comptine puis m'a balancé des objets dans la figure. Je suis sortie à la fin de l'heure en demandant en rigolant à une infirmière si elle n'avait pas de l'hémoclar Amusée, elle m'a dit : "oh toi! Tu as dû avoir cette élève"... Euh oui... Pourquoi ?
J'ai su plus tard que c'était en réalité une bonne journée car celle qui m'envoyait des choses au visage c'était parce qu'elle m'avait "visualisée" dans son "monde" et que j'en faisais partie. Les hurlements, c'était parce qu'elle était très heureuse !
Forte de mon entourage professionnel et de la grande écoute bienveillante des personnels soignants, j'ai finalement passé de très bons moments sur ce remplacement très particuliers.
J'en garde de bons souvenirs et franchement, la première journée était le baptême du feu mais aussi un souvenir qui me fait bien rire aujourd'hui !

Au moins, tu as tenu le coup. Ca ne doit pas être simple d'être largué sur un poste comme ça surtout sans formation spécifique. Il n'y a plus assez de brigade ASH, je trouve. J'ai eu un ami PE2 qui s'est retrouvé à faire un stage de trois semaines... en prison. Ca lui a tellement plu qu'il l'a redemandé l'année suivante mais les places mine de rien sont chères. Il disait qu'au moins, les gens voulaient apprendre, que c'était par petit groupe et que la prime de fin d'année était très conséquente !
Mais, il est clair que la première journée, ça ne doit pas être facile et demander beaucoup d'adaptation.

Au moins, la petite fille a compris que les fruits du framboisier ne poussaient pas dans les racines J'imagine la scène

jazzy a écrit:Au moins, la petite fille a compris que les fruits du framboisier ne poussaient pas dans les racines J'imagine la scène

Sans parler que l'eau ça mouille

Mdr. J'ai un collègue qui a travaillé dans ce genre d'établissement et il y a passé une heure à regarder un môme monter et descendre le volet roulant. Impossible de lui faire mener une séance.

Nono65 a écrit:Mdr. J'ai un collègue qui a travaillé dans ce genre d'établissement et il y a passé une heure à regarder un môme monter et descendre le volet roulant. Impossible de lui faire mener une séance.

Ils étaient peut être en train d'étudier les lois de la gravité ...